Après 2017 et 2022, 2024 ? Dans une déclaration transmise par son entourage à l’Agence France-Presse (AFP) dimanche 12 mai au soir, Marine Le Pen juge «  très utile » de débattre avec Emmanuel Macron «  en septembre », après les élections européennes qui ont lieu le 9 juin. «  Il serait très utile que je puisse débattre avec le président en septembre sur ce qu’il compte faire des trois longues années qui lui restent » à la tête de l’État, a-t-elle déclaré.

Un peu plus tôt, la cheffe de file des députés du Rassemblement national avait pu laisser penser dans des médias qu’elle était prête à se plier à cet exercice avant le 9 juin. Elle a «  toujours dit qu’elle était partante pour un débat », avait relevé son entourage à l’AFP, la députée du Pas-de-Calais répondant aussi par l’affirmative dans Le Parisien : «  J’ai déjà répondu à cette question et j’ai dit “oui”. »

Emmanuel Macron considérerait l’idée

L’hypothèse de proposer un débat à la leader d’extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel, en net retard face au RN dans les sondages. Selon le dernier sondage Cluster17 pour Le Point, la liste conduite par Jordan Bardella remporterait en effet 29,5 % des voix le 9 juin, contre 15,5 % pour celle de la majorité menée par Valérie Hayer.

L’idée a notamment été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l’occasion d’un dîner à l’Élysée après la remise de la Légion d’honneur à l’ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune dimanche. «  J’y pense », a répondu le chef de l’État, d’après le journal. Un participant au dîner a confirmé que le sujet avait été abordé au cours de la soirée, ajoutant que le président ne s’était pas prononcé clairement.

À LIRE AUSSI Présidentielle 2027 : pourquoi Marine Le Pen est loin d’avoir gagnéDans sa déclaration de dimanche, Marine Le Pen, rétorque avoir « confiance » dans sa tête de liste. «  Je trouve très humiliant pour Gabriel Attal de laisser fuiter cette proposition (d’un débat entre le président et moi, NDLR) avant celui qui doit se tenir entre le Premier ministre et Jordan Bardella », a précisé la triple candidate à l’élection présidentielle. Un débat doit en effet avoir lieu entre les deux hommes le 23 mai, retransmis sur France 2.

«  Cela prouve le peu de confiance qu’Emmanuel Macron a dans son Premier ministre », a ajouté Marine Le Pen, indiquant avoir pour sa part «  confiance » dans sa tête de liste. «  Je trouve contradictoire de proposer un débat de présidentielle alors que (le camp macroniste) nous reproche en permanence de nationaliser le débat », a encore déclaré Marine Le Pen.

Gabriel Attal d’accord pour débattre avec Le Pen

Pour la majorité, l’un des intérêts d’un tel exercice aurait été de tenter de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n’avait pas réussi à convaincre lors des débats de 2017 et de 2022 face au candidat Macron.

À LIRE AUSSI Européennes 2024 : Bardella, Hayer, Glucksmann… Nous avons passé leurs programmes au scalpelDe son côté, Gabriel Attal a déclaré dimanche soir dans un entretien au Progrès avoir souhaité débattre avec la leader d’extrême droite. «  La logique institutionnelle aurait voulu que je débatte avec Marine Le Pen. En tant que Premier ministre, je suis responsable devant le Parlement national et la présidente du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, c’est elle », a-t-il expliqué.

Mais, «  elle a peur des débats » et « a choisi la fuite », a-t-il ajouté, relevant qu’il avait alors accepté l’exercice avec Jordan Bardella.