Pour le commun des mortels, le mot cubitus désigne le plus gros des deux os de l’avant-bras. Les amateurs de bandes dessinées pensent immédiatement au chien dodu, farceur et bavard, né de l’imagination du dessinateur belge Dupa. Depuis le 17 octobre à 20 h 30, Cubitus est également le nom de la montre la plus marquante de l’année 2024. Celle qui a enflammé le monde horloger, peuplé d’un nombre croissant de passionnés, plus ou moins avertis et… plus ou moins séduits par la fameuse Cubitus signée Patek Philippe.

Sans mauvais jeu de mots, tout a commencé par un os. Orchestrée dans le plus grand secret depuis des mois par la manufacture helvétique, qui préparait avec soin la naissance de sa première véritable nouvelle collection depuis vingt-cinq ans (la Twenty-4 ayant été lancée en 1999), la révélation a malencontreusement fuité. Une semaine avant la levée de l’embargo, un magazine américain a, par erreur, publié une page de publicité dévoilant le tout. « Regrettable », balaie d’un revers de main Thierry Stern, le PDG et propriétaire de la maison familiale, qui nous reçoit dans les bureaux munichois de Patek Philippe.

Une touche « vintage »

Très fier de ce nom de baptême, qu’il a trouvé avant même d’esquisser la montre, il prolonge la métaphore anatomique – avec le franc-parler que lui confère son statut d’indépendant – pour mettre en lumière la prise de risque. « Je sais bien que 85 % des montres vendues sont rondes, mais cela fait vingt-cinq ans que je rêve de créer une pièce carrée. Lorsque j’ai eu carte blanche, je n’ai pas hésité ! »

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Les premiers croquis, inspirés de modèles classiques issus des archives, comme les références 5033 et 5035, n’étaient pourtant pas convaincants. « Je voulais une montre sport chic, fine, qui épouse parfaitement le poignet, dans l’esprit de la Nautilus et de l’Aquanaut. Mais, chez Patek, pour qu’une montre fasse pleinement partie de la famille, il fallait, en plus de courbes séduisantes, un mouvement d’exception. » La nouvelle Cubitus prend son envol dans trois versions au caractère marqué : le modèle technique Cubitus grande date, jour et phases de lune instantanés en platine, avec un nouveau mouvement à affichages instantanés ; une touche « vintage » avec le modèle Cubitus bicolore, associant acier et or rose à un cadran bleu « soleil » ; la Cubitus en acier, quintessence du sport élégant, avec cadran vert olive « soleil ».

Au poignet, la montre surprend. Les craintes liées à ses proportions (45 mm) se dissipent vite. La finesse et l’intégration du bracelet lui font épouser le poignet. Les puristes regrettent l’absence de conception d’un mouvement de forme épousant ce carré. Faut-il s’en offusquer ? Après tout, Thierry Stern, l’admet : « La famille a vocation à s’agrandir ! » Chez Patek Philippe, la relève est aussi en bonne voie. L’actuel PDG répond à nos questions au côté de son fils aîné, en formation, comme lui-même le fut jadis au côté de son propre père.