Coup de massue sur le crâne de notre souveraineté sanitaire ! Le Doliprane, le médicament le plus vendu en France, et accessoirement le Dragibus préféré des hypocondriaques, serait sur le point de passer sous pavillon américain. De quoi nous refiler la migraine.

L’heure est grave. Depuis vendredi, les défenseurs de la petite boîte jaune font grise mine. Sanofi, grand spécialiste du crédit à la recherche, a annoncé négocier avec un fonds d’investissement étranger pour lui céder le contrôle de sa filiale française Opella. Ce géant français des médicaments sans ordonnance est le producteur du Doliprane, mais aussi du Maalox, de la Lysopaïne, du Mucosolvan ou encore de Novanuit. Soit 70 % de ma trousse de survie, située dans la poche intérieure de mon Burberry.

Heureusement, la représentation nationale veille. Dans un élan inédit d’union nationale, des parlementaires de tous bords, de LFI à LR en passant par EELV et d’autres lettres de l’alphabet, se sont collectivement émus de cette opération de dépouille à 15 milliards d’euros sur le paracétamol. Tous, sauf le RN, qui s’est – dit-on – étonné en coulisses qu’il soit plus simple en France d’expulser des capitaux à l’étranger que des étrangers de la capitale. Passons…

Le chant des cigales à l’Élysée

Étrange conséquence de l’épisode cévenol que vient de traverser le pays : tandis que les fourmis avaient les pieds dans l’eau, on entendait les cigales chanter à l’Élysée. Alors que les ménages français sont appelés par Matignon à serrer l’anneau gastrique qui leur sert de ceinture, on apprend que la maison mère s’est accordé une augmentation de 3 millions d’euros pour faire face à un découvert non autorisé. Voilà de quoi donner des fourmis aux fourmis.

On a connu des symboles plus digestes. Contrairement à d’autres institutions, le palais du prince n’a pas subi de coupes budgétaires. Bien au contraire. Après s’être alloué un subside de 12 millions d’euros l’année dernière pour boucler ses fins de mois, notre couple de locataires du 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré a de nouveau recouru à la solidarité nationale pour faire tourner sa chaudière mal réglée.

Comme on dit à Clignancourt, quand Brigitte s’enrhume, c’est la France qui tousse.

La raison de ce nouveau débours ? L’inflation que seul, c’est bien connu, le palais subit. Le prix du gaz russe s’envole et cette passoire thermique du 8^e arrondissement est un gouffre soviétique à chauffer. Comme on dit à Clignancourt, quand Brigitte s’enrhume, c’est la France qui tousse.

Mais, ô miracle, pour renflouer le navire, le Palais a trouvé une idée de génie : la Maison Élysée, un magasin de souvenirs entièrement dédié à la boutique. Quelle riche idée qu’une boutique à la Buckingham pour renflouer les caisses d’un vieux palais républicain ? Nul doute que le contribuable, ému par la précarité financière de notre couple royal, se précipitera rue du Faubourg-Saint-Honoré pour faire des emplettes écosolidaires et lui éviter l’enfer du surendettement.

Un joli mug en porcelaine à l’effigie de la Queen Brigitte. Mieux, le calendrier 2025 de notre demi-dieu du stade. Manu fait de la boxe le biceps saillant, Manu sauve le monde la chemise semi-ouverte, et le classique Manu sur un scooter des mers. Le tout immortalisé par l’objectif de Soazig de La Moissonnière.

L’autre ben Laden

Alors que le RN a décidé de ne pas expulser le gouvernement, Bruno Retailleau a frappé fort cette semaine en interdisant de territoire un certain ben Laden. Pas le célèbre avionneur Oussama, qui réside depuis longtemps dans un endroit non inscrit sur le GPS en compagnie de 300 vierges, mais son fiston, Omar, qui avait trouvé refuge en Normandie depuis quelques années.

Une retraite interrompue par notre premier flic de France, à la suite de propos polémiques tenus par le fils du salafiste sur les réseaux sociaux et exhumés par notre Nono, qui a immédiatement prononcé une OQTF. Un bel effet d’annonce, sachant que le fiston avait quitté la France depuis plus d’un an. Parions qu’il est rentré chez lui en Airbus plutôt qu’en Boeing…

À l’Assemblée, Olivier Faure, le petit télégraphiste de LFI, et accessoirement premier secrétaire du PS, a découvert les mathématiques. Exit le déni de démocratie… Si Michel Barnier sait compter, François Hollande sait calculer, et lui mijote déjà son plat préféré, un congrès socialiste.

À l’autre bout de la chaîne, Laurent Wauquiez, toujours prompt à tendre la main, a coupé celle de Gabriel Attal. En permettant l’élection d’un député Insoumis à la commission des Finances, le candidat à la candidature a perdu en crédit ce qu’il n’a pas gagné en estime. La députée Insoumise Aurélie Trouvé, elle, a été ravie de se voir confier la présidence de la commission des Affaires économiques par le patron de LR. On n’est jamais aussi bien servi que par ses ennemis.